IB PROGRAMME DU DIPLÔME

POLITIQUE LINGUISTIQUE

I. Profil linguistique de l’école

Le Lycée bilingue d’excellence pour les sciences, ou Bilingual lycee of excellence for sciences (Billes) est un creuset où se côtoient plus de dix (10) langues africaines, selon les résultats d’une enquête menées auprès des apprenants et du personnel. Si à l’école les principales langues de communication sont le français et le wolof, la plupart de nos apprenants parlent surtout leurs langues natives respectives à la maison. Cependant, toujours selon les résultats de cette enquête, une de ces langues, le wolof, est comprise par une large majorité des élèves et du personnel. C’est dire que la plupart de nos élèves, s’ils ont la chance de n’avoir pas le wolof comme langue première, parlent au moins deux (2) langues africaines.

A ces langues africaines, viennent se superposer deux langues européennes, notre langue d’enseignement : le français et notre « première langue vivante » (LV1) : l’anglais. C’est à ces deux langues étrangères que nous faisons allusion quand nous nous définissons comme un lycée bilingue.

Une troisième langue européenne, l’espagnol, est enseignée en 4e, en 3e et en Seconde du programme sénégalais, et nous n’excluons pas, quand la demande se fera plus significative, d’introduire l’arabe et le mandarin (chinois) dans le cadre du programme sénégalais, mais aussi dans le Programme du diplôme comme langues ab initio.

II. Notre conception des langues

Notre conception des langues que nous enseignons s’inspire de la philosophie du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL). Aussi, au Lycée Billes, les langues sont-elles enseignées, non pour elles-mêmes, mais à des fins de communication en situations authentiques. Or, la vraie communication repose sur trois (3) compétences :

  • compétence linguistique: savoirs et savoir-faire relatifs au lexique, à la syntaxe et à la phonologie. Cette compétence est à la base de la compréhension (orale comme écrite) et de la communication orale ou écrite ;
  • compétence pragmatique : communiquer, c’est agir, c’est, dans une situation donnée, tisser son texte, choisir ses stratégies discursives pour atteindre un but précis. Dans le cadre de la rédaction des mémoires et des essais entre autres, cette compétence sera particulièrement utile ;
  • compétence sociolinguistique : toute langue a ses marqueurs de relations sociales et exprime, entre autres, une sagesse populaire, une culture. Cette compétence permet à l’apprenant d’interagir convenablement avec la communauté éducative, mais aussi avec les communautés locales, notamment dans le cadre de la CAS ;

  • L’installation de ces compétences passe par une approche actionnelle mettant l’accent sur trois (3) familles d’activités langagières :

    1. La compréhension :

  • compréhension écrite (lire et comprendre un texte écrit), fondamentale dans les activités de recherches ;
  • compréhension orale (écouter et comprendre un message oral), fondamentale dans la communication orale (évaluations orales en anglais, par exemple) ;
  • 2. La production :

  • production écrite (s’exprimer par écrit) ;
  • production orale en continu (exposé…) ;
  • production orale en interaction (entretien, discussion…).
  • 3. La médiation (traduction, interprétation) :

    Qui dit traduction, dira le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, dit rencontre entre deux mondes. Toute langue véhiculant un monde, l’acte de traduire consiste, dans un sens, à accorder l’hospitalité à un monde dans un autre monde. Il est donc clair que cette activité favorise, pour une large part, la compréhension interculturelle.

    III. Place des langues africaines dans notre système

    Quoiqu’elles ne soient pas des langues d’enseignement dans notre système, les langues africaines tiennent une place importante dans notre projet pédagogique. En effet, toute langue étant véhicule d’une culture, « l’entente mutuelle » et le « respect interculturel » chers à l’Organisation du Baccalauréat international passent forcément par la valorisation des langues natives de nos apprenants.

    Cette valorisation est d’autant plus importante que, comme précisé dans notre politique d’inclusion, la culture peut constituer un facteur d’exclusion. C’est pourquoi, la « Journée des nations et des ethnies » (Cf. notre politique d’inclusion) sera un moment privilégié dans cette valorisation des différentes langues dites maternelles.

    Des cours d’alphabétisation dans les principales langues africaines codifiées pourraient être organisés si un certain nombre d’apprenants en font la demande.

    Qui plus est, la matière « Créativité, action, service » (CAS) et les enquêtes que nos apprenants peuvent être amenés à faire auprès de populations riveraines qui ne parlent pas forcément une langue européenne, leur imposeront ipso facto l’utilisation des langues parlées par ces communautés.

    Certains d’entre ces apprenants qui seraient alphabétisés dans une langue parlée par ces communautés pourraient, en CAS, apprendre, notamment à des GIE (Groupement d’intérêt économique) féminins, à lire, écrire et calculer dans leur langue.

    IV. Nos stratégies

    La plupart de nos apprenants du Programme du diplôme étant des produits de systèmes francophones, notre langue d’enseignement est le français, langue officielle du pays. Aussi, cette langue est-elle véhicule des savoirs dans notre système, mais non maîtrisée, elle devient un obstacle entre l’apprenant et le savoir. C’est pourquoi tous les enseignants, toutes matières confondues, ainsi que les parents, sont impliqués dans l’installation et le renforcement des compétences langagières des apprenants, en français comme en anglais. Ainsi, notre bilinguisme consiste surtout à donner à nos apprenants une parfaite maîtrise du français et un niveau en anglais qui leur permette, après le Baccalauréat d’être en mesure d’intégrer, sans difficulté, des universités anglo-saxonnes. Pour cela, outre le fait que même les professeurs de disciplines non linguistiques doivent veiller au bon usage des langues utilisées à l’école, un certain nombre de mesures sont prises :

  • Conformément à une disposition de notre politique d’inclusion, il est proposé aux apprenants dont le niveau de maîtrise de la langue d’enseignement, le français est insuffisant et risque de compromettre leurs performances, des cours de mise à niveau fortement inspirés des méthodes FOS (français sur objectifs spécifiques) pour éviter que des lacunes au plan linguistique ne voilent leurs compétences réelles ;
  • Un programme intensif d’apprentissage de l’anglais appelé « Summer camp » à l’intention des élèves de 6e, 5e et 4e du programme sénégalais (la pépinière potentielle du programme du diplôme) est institué. Cette session se déroule un mois avant l’ouverture officielle des classes. Elle consiste, par des méthodes actives mettant l’accent sur la dimension ludique, à renforcer les compétences langagières en anglais de nos apprenants. Pour maintenir l’ambiance créée entre ces plus jeunes pendant ce camp de vacances, jusqu’en décembre au moins, une cour de récréation (English campus) leur sera réservée pour qu’ils y continuent d’interagir en anglais, sous la supervision des professeurs d’anglais qui avaient animé le camp ;
  • Pendant toute l’année scolaire, le club d’anglais, très dynamique constitue également pour tous, un cadre idéal pour développer davantage ces compétences langagières tout en favorisant l’épanouissement et la socialisation de chacun (cf. notre politique d’inclusion) ;
  • Chaque mardi de la semaine est proclamé English day. Pendant cette journée, toute la communauté éducative s’astreint à ne communiquer qu’en anglais.
  • Des professeurs anglophones, en collaboration avec les professeurs francophones, reprennent, en anglais des enseignements non linguistiques (biologie, mathématiques, géographie…) déjà faits en français ;
  • Dans le cadre d’un partenariat qui lie notre établissement à Arizona State University (ASU), de jeunes volontaires américains, logés à l’internat du lycée assurent une animation continue basée sur des activités ludiques favorisant l’interaction orale ;
  • L’établissement est prêt, si quinze (15) parents au moins souscrivent au projet, à organiser des voyages d’immersion dans des pays anglophones. Outre l’immersion linguistique qu’ils permettent, de tels voyages amèneront nos apprenants à découvrir et à comprendre d’autres cultures ;
  • Les antennes paraboliques DSTV, installées à l’internat comme au restaurant et à l’amphithéâtre proposent un bouquet de chaînes exclusivement anglophones, ce qui permet, surtout aux plus jeunes, à travers les dessins animés notamment, de renforcer leurs compétences langagières en anglais tout en se divertissant ;
  • Des ressources numériques variées sont disponibles au laboratoire de langues pour permettre aux apprenants de développer notamment leur compréhension orale et écrite ;
  • Au Centre de documentation et d’information (CDI) de l’établissement des traductions (en anglais facile) de classiques de la littérature francophone, généralement connus de nos apprenants, sont disponibles ;
  • Des modules d’alphabétisation fonctionnelle, notamment dans les six principales langues codifiées du pays seront proposés aux apprenants pour leur permettre de maîtriser la transcription de ces langues qu’ils peuvent être amenés à utiliser comme langue de recherche. Dans le cadre des activités CAS, il n’est pas exclu que ces apprenants, une fois formés, apprennent à leur tour à des femmes, organisées en groupements d’intérêt économique (GIE), à lire et à calculer dans leur langue.
  • V. Modalités de révision

    La présente politique linguistique, conçue en tenant compte de l’état actuel de notre projet d’établissement, et validée par les instances décisionnelles, sera réadaptée et complétée chaque fois qu’une évolution notable dudit projet le rendra nécessaire ou que de nouvelles propositions pertinentes allant dans le sens de son amélioration seront faites au Comité d’orientation (CO) auquel incombe la révision périodique des différentes politiques, avec l’onction du Conseil d’administration.




    DIAWARA Alassane

    Directeur Général

    THIOBANE Amadou Bamba

    Coordonnateur du programme

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