Politique d’inclusion
Préambule :
Le Lycée bilingue d’excellence pour les sciences est un projet évolutif dont la première strate est constituée des cycles moyen et secondaire de l’Enseignement général sénégalais. A ce titre, la philosophie de l’école s’inspire fortement de la Loi n° 91-22 du 30 janvier 1991 d’orientation de l’Education nationale qui, en son article 5, dispose : « L’Éducation nationale est démocratique : elle donne à tous des chances égales de réussite. Elle s’inspire du droit reconnu à tout être humain de recevoir l’instruction et la formation correspondant à ses aptitudes, sans discrimination de sexe, d’origine sociale, de race, d’ethnie, de religion ou de nationalité. » Une telle disposition, en phase avec l’ODD 4 fixé par les Nations-Unies : « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité (…) », invite de manière explicite à faire de l’éducation inclusive une réalité tangible, condition de l’instauration d’« un esprit d’entente mutuelle et de respect interculturel » cher à l’Organisation du Baccalauréat international (IB).
Le Lycée Billes adhère à ces principes généraux et entend les rendre opérationnels dans sa pratique pédagogique quotidienne ; le présent document explique comment.
Notre vision de la notion d’inclusion :
Dans la littérature relative au concept d’éducation inclusive, la notion de handicap revient assez souvent. Au Lycée Billes, cette notion est prise dans son acception la plus large. En effet, nous estimons que personne n’est handicapé de manière absolue ; nous appréhendons le handicap relativement à une situation donnée. Ainsi, nous considérons comme handicapée toute personne qui, dans une situation donnée, se heurte à un obstacle (structurel ou conjoncturel, endogène ou exogène) qui, s’il n’est pas levé, compromet ses chances de réussir et de s’épanouir pleinement. A titre illustratif, un apprenant qui a une mémoire visuelle, dans certaines situations pédagogiques, peut être handicapé par rapport à un autre qui aurait une mémoire auditive ou kinesthésique ; sans compter d’autres paramètres liés aux objectifs pédagogiques (le cognitif, l’affectif, le psychomoteur, le conatif) ainsi que les stratégies cognitives et métacognitives propres à chaque apprenant pris individuellement. Aussi, notre politique d’inclusion prend-elle en compte tous ces paramètres pour une pédagogie de la réussite qui ne laisse aucun apprenant en rade.
1. Processus d’identification et dispositif de prise en charge :
1.1. Identification :
D’ores et déjà, nos effectifs réduits (132 élèves, toutes classes confondues, de la 6e à la Terminale du programme sénégalais, en 2019-2020) permettent un suivi quasi individualisé de nos apprenants en vue d’une identification précoce de ceux d’entre eux qui ont des besoins spécifiques, pour les mettre dans des groupes de besoin et les prendre en charge.
Ce travail d’identification est grandement facilité par les professeurs dits principaux des différentes classes, choisis pour leur capacité d’écoute, leur empathie et leur discrétion. Ces professeurs entretiennent des relations privilégiées avec les élèves et servent d’interface entre eux et le corps professoral ainsi que l’administration.
Ce dispositif permet donc d’identifier, parmi nos élèves qui, au sortir de la Seconde, choisiraient de suivre le Programme du diplôme de l’IB, ceux qui auraient besoin d’un accompagnement spécifique.
Quant aux élèves qui nous viennent d’autres établissements, les tests de niveau et l’entretien auxquels ils seront soumis à l’entrée, conformément à une disposition de notre Politique d’admission, permettront d’émettre des hypothèses sur leur profil, hypothèses qui seront vérifiées, validées ou infirmées plus tard, par leurs professeurs et l’équipe chargée du soutien scolaire, après une observation et une analyse plus pointues.
Pour rendre ce dispositif plus fiable, il est mis en place une structure dénommée « Observatoire de l’enseignement inclusif au Lycée » (ŒIL) composé des professeurs principaux, du Surveillant général et de l’infirmier de l’école qui a accès aux fiches médicales que chaque parent remplit à l’inscription de son enfant, comme l’exige notre politique d’admission. Cet ŒIL aura à sa tête un(e) assistant(e) sociale(e) de formation ou une personne qui en tient lieu.
Cet observatoire travaille en étroite collaboration avec l’Association des parents d’élèves (APEL), notamment avec sa commission sociale, culturelle et sportive et sa commission pédagogique.
1.2. Dispositif de prise en charge :
A l’issu du test diagnostic et de l’entretien, ou suite à l’observation, en cours d’année des professeurs, s’il s’avère qu’un apprenant a des besoins spécifiques que nos ressources humaines et matérielles nous permettent de gérer, le Coordonnateur en tient compte pour lui suggérer des choix de matières, envisage les aménagements requis et, si nécessaires, adresse une demande à l’IB dans ce sens ;
Toutes nos infrastructures (dortoirs, restaurant, toilettes, salles de classes, amphithéâtre, laboratoires, CDI, bloc administratif…) sont équipées de rampes d’accès pour personnes à mobilité réduite pour éviter que certains handicaps moteurs ne constituent un facteur d’exclusion au sein de l’établissement.
Tous nos locaux sont aérés, bien éclairés et répondent aux normes acoustiques pour amoindrir la gêne que pourraient éprouver des apprenants ayant des troubles de la vue ou de l’audition ;
Chaque classe du Programme du diplôme choisit de porter le nom d’un village africain ou d’une autre partie du monde pour créer entre les apprenants un esprit d’entraide, le village étant, dans l’imaginaire populaire africain, le lieu où règne la solidarité, par opposition à la ville où règnerait le « chacun pour soi. » ;
Chaque « village » choisit son « délégué de village » et sa devise qui doit traduire l’unité, la solidarité, puisqu’en définitive, de l’ambiance de la classe dépend souvent l’épanouissement des uns et des autres ;
Un système de parrainage (par des particuliers), déjà fonctionnel, permet à des apprenants d’origine sociale modeste de bénéficier de nos offres pédagogiques sans bourse délier, pour éviter que l’origine sociale ne constitue un facteur d’exclusion. Certains élèves, parrainés pour une année scolaire, continuent de bénéficier de la gratuité pour le reste de leur scolarité. Nous avons aussi un projet de création d’une fondation (Fondation BILLES) qui à terme, nous permettra d’élargir et de pérenniser ces mesures de haute portée sociale ;
L’obligation du port de l’uniforme est également un facteur d’inclusion en ce qu’elle contribue à cacher certaines disparités sociales qui peuvent constituer un facteur d’exclusion ;
La participation aux activités des différents clubs (Club environnement et citoyenneté, Club de science, Club d’informatique et de robotique, Club de littérature, d’art et de philosophie – CLAP-, Club d’anglais…) est fortement conseillée. En effet, ces clubs, ainsi que les activités qui y sont déroulées constituent des facteurs à la fois d’épanouissement individuel et de socialisation ;
Une journée des Nations et des ethnies au cours de laquelle chaque nationalité ou ethnie anime un stand pour mettre en valeur ses mets, musique, danses, costumes, us et coutumes est organisée chaque année, vers fin décembre. En effet, il arrive souvent que la perception de la culture d’autrui soit un obstacle à son intégration dans le groupe. Cette manifestation marquant la fin de l’année civile est un puissant moyen de promouvoir la « compréhension interculturelle » chère à l’IB ;
Pour chaque classe du Programme du diplôme, est choisi un Professeur-conseiller (PC), qui joue à peu près le rôle que joue le Professeur principal dans les classes du programme sénégalais ;
La pierre angulaire de notre projet pédagogique reste le principe de la centralité de l’élève et de la pédagogie différenciée ;
Chaque professeur tient un blog où il peut interagir avec tout élève ou groupe d’élèves qui le désirent ;
Le travail en binômes ou en groupes est privilégié dans toutes les matières ;
Un système de tutorat pourrait être institué à condition qu’il puisse fonctionner sans créer de frustrations ou complexes de supériorité. Les professeurs veilleront, autant que faire se peut, à créer des binômes ou des groupes dans lesquels chaque élève qui sera tuteuré dans une matière, sera tuteur dans une autre ;
Vu les effectifs très réduits dans ces classes du Programme du diplôme, l’aménagement de l’espace-classe sera modifié : à la scène à l’italienne, sera préféré l’hémicycle grec, plus convivial et plus proche de la disposition adoptée sous l’arbre à palabres en Afrique ;
Les compétences ou capacités spécifiques et les acquis antérieurs de chaque apprenant sont valorisés : comme nous y invitent la devise de l’école (Notre but, l’humanisme ; l’éclectisme, notre voie) et son hymne (pour tisser un homme, il faut tant de fils, de couleurs et d formes) ;
Un dispositif d’accompagnement des apprenants en difficulté (soutien scolaire), comprenant les Conseillers pédagogiques, le Surveillant général, les Professeurs-conseillers et l’Assistant social (ou la personne en tenant lieu) est mis en place. Une attention particulière est accordée aux apprenants dont la maitrise insuffisante de la langue d’enseignement, le français (cf. Politique linguistique) risque de compromettre les chances de réussite. Un module, largement inspiré des méthodes FOS (français sur objectifs spécifiques) leur sera proposé. Toutefois, pour éviter de donner l’impression de stigmatiser des individus ou des groupes, ce dispositif sera mis en branle chaque fois que, pour un apprenant donné, la pédagogie différenciée et les remédiations dans le cadre normal du cours n’auront pas permis d’atteindre les objectifs visés.
De leur côté, les élèves brillants aussi bénéficient d’une prise en charge spécifique, tenant compte de leur vitesse d’assimilation et de leur capacités à appréhender des contenus plus complexes ;
Les stratégies, les supports pédagogiques et les modalités d’évaluation sont variés le plus possible pour prendre en compte la diversité des profils cognitifs et les différents handicaps moteurs, visuels, auditifs…
En cas de nécessité, la procédure d’évaluation sera réaménagée en tenant compte des besoins spécifiques de certains apprenants. Ces réaménagements peuvent aller de la révision du temps imparti pour réaliser la tâche au soutien d’un lecteur, d’un copiste… en passant par l’autorisation d’utiliser l’outil informatique, comme le prévoie notre politique dévaluation ;
2. Modalités de révision :
La présente politique d’inclusion, conçue en tenant compte de l’état actuel de notre projet d’établissement, et validée par les instances décisionnelles, est applicable tant au cours du processus d’installation des acquis que de celui de l’évaluation. Elle sera réadaptée et complétée chaque fois qu’une évolution notable de notre projet d’établissement le rendra nécessaire ou que de nouvelles propositions pertinentes allant dans le sens de son amélioration seront faites au Comité d’orientation (CO) auquel incombe la révision périodique des différentes politiques, avec l’onction du Conseil d’administration.